Entre suppression et modification des promesses, intéressons-nous au contrat de mandat présenté par la mairie. Une belle façon de remplacer des engagements par des comités Théodule ou de simplement les faire disparaitre. Analyse factuelle.
Nous avons reçu dans nos boites aux lettres un beau document à la couverture bleue de 28 pages.
Ce contrat de mandat que Monsieur Boudy a présenté récemment aux Suresnois est un concept intéressant. Naïvement je pensais qu’un candidat s’engageait sur son programme et ses promesses de campagne, qu’elles soient faites en vidéo, en tract, sur internet ou en réunion publique. En fait, non.
Le mandat est le contrat par lequel une personne, le mandant, donne pouvoir à une autre, le mandataire, de conclure en son nom et pour son compte, dit peu ou prou le Dalloz. Le contrat de mandat finalement, ce sont les engagements que M. Boudy entend respecter durant son mandat.
En nous penchant dans le détail sur la pléthore de promesses faites pendant la campagne et la façon dont elles sont (ou non) reprises et phrasées dans le contrat de mandat, on tire de multiples enseignements.
- Une grande partie des promesses de campagne se retrouve telle quelle dans le contrat, c’est une bonne chose, en plus le contrat apporte quelques informations sur les horizons temporels auxquels elles seront tenues
- Par une habile réécriture certaines promesses sont limitées, amoindries, vidées de leur substance – un certain nombre d’engagement deviennent ainsi des « études »
- Certaines mesures, démagogiques ou irréalistes, ont tout simplement disparu du contrat
Le contrat de mandat, finalement, est l’heure des seconds renoncements, assumés. Après le budget en contradiction avec les promesses, le contrat de mandat escamote ou amoindrit certains engagements avec subtilité.
Regardons cela en détail. C’est un peu long mais c’est factuel.
D’abord, une grande partie des plus de 200 promesses faites par M. Boudy sont bien reprises dans le contrat de mandat, complétées par quelques mesures déjà prises mais qui n’étaient pas vraiment des promesses de campagne comme la démolition de la Passerelle des Arts, promesse de 2014 (sic) déjà budgétée. Le contrat de mandat donne pour un peu moins de la moitié un horizon de temps, le reste se déroulera sur la durée du mandat ou n’est pas encore positionné. Beaucoup de comités ou conseils, beaucoup de mesures qui ne peuvent pas être vraiment quantifiées, qui demanderont d’être très spécifique sur les réalisations. Le rejet à 2026 de l’objectif 0 jetable, 0 plastique 0 pesticide montre en creux la réalité d’un engagement développement durable de façade. D’ailleurs un document papier de 28 pages, plus 6 pages de Suresnes Mag le montre bien.
Ensuite un bon nombre de promesses se voient réécrites, précisées diront certains. Cette réécriture se traduit par une perte de contenu, une réduction de la mesure ou une possible remise aux calendes grecques. Ainsi la rénovation du « Quadrant » devient le « lancement d’une étude » ; de la même façon les bus plus fréquents deviennent une « réflexion menée avec la RATP d’ici 2020 »… Le stationnement gratuit pour les soignants en visite à domicile devient « exclusif », votre médecin en visite le matin et cabinet l’après-midi d’en bénéficierait pas… le chèque stationnement de 45 minutes pour les clients des commerces prend avec le contrat une dimension « ponctuelle » qu’il n’avait pas en campagne. Le cas du nouveau centre aquatique et sportif promis par M. Boudy est symptomatique. Maintenant on parle d’études et d’objectif de première pierre en 2026. Qui y croit ? Le renforcement de la médiation dans les quartiers devient la création d’une équipe de médiateurs de nuit, alors que déjà en journée la présence est insuffisante dans certains quartiers. Révisée aussi l’approche sur l’Ecole de Plein Air où la mairie se « mobilise » mais ne promet plus rien.
Le contrat de mandat permet donc de modifier les promesses faites et de ne plus en être totalement redevable par cette habile réécriture.
Mais cela va plus loin car le contrat de mandat escamote purement et simplement un certain nombre de promesses donc certaines très significatives. Soyons précis et factuels :
- Plus aucune mention de la prolongation du métro 2 jusqu’à Suresnes – pourtant M. Boudy avait vanté ses bons contacts à la RATP à ce sujet… pareil pour l’augmentation des fréquences du T2…
- Le poste de police promis à la Cité Jardin a disparu, ainsi que la brigade canine. Avec le budget on savait déjà que M. Boudy ne se souciait guère de la sécurité des quartiers populaires, cela le confirme.
- Disparus aussi les espaces de coworking qui seraient ouverts dans chaque quartier, l’ouverture de la terrasse du MUS, l’élargissement des horaires de la piscine
- Supprimés la ressourcerie et les ateliers de réparations associatifs comme disparue l’idée d’une fête 1 mois sur deux dans un quartier de Suresnes.
- Supprimés les arrêts minutes plus nombreux ou le stationnement facilité pour les commerces (en fait avec la hausse de la redevance c’est tout le contraire qui a été fait).
- Supprimée la promesse de donner à l’opposition la présidence de la commission des appels d’offres.
- Disparu le programme de rénovation du lycée Langevin, certainement parce que M. Boudy peut difficilement exiger de Mme Pécresse qu’elle fasse quelque chose pour ce bâtiment classé.
- Disparue à nouveau la promesse d’une « transparence totale » sur l’attribution des places en crèche
On pourrait aussi revenir sur des engagements pris et leur exécution comme le plan vélo, avec une concertation lancée après un début de déploiement de marquages et stationnements anarchique, les consultations participatives sur les grands projets d’urbanisme (inexistante au niveau municipal pour la requalification de la RD7) mais ce n’est pas le sujet.
Entre la modification de certains engagements, la suppression pure et simple de promesses, le contrat de mandat est bien une réécriture d’un programme pléthorique. Mais tout le monde sait que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Espérons que les oppositions municipales sauront se saisir et souligner ces contradictions tout au long du mandat, et obtiendront de M. Boudy et son équipe qu’ils honorent aussi leurs promesses supprimées.
Simple et plus que factuel.
L’analyse est sans reproche.
Travail important mené pour décortiquer et comparer le programme d’un côté et le contrat de mandat de l’autre. Le constat est sans appel. Le catalogue de plus de 200 mesures est inapplicable et nous voyons déjà les premiers renoncements sur l’offre de transport (prolongement Métro 2, augmentation fréquence Tramway 2, Bus à haut niveau de service vers Paris), sur la sécurité (plus de poste de police municipale dans le haut de Suresnes), sur les équipements (fini le nouveau aquatique et sportif).
L’absence d’ambition en termes de développement durable est criante. Pire, on assiste, alors que le sujet a été tue pendant la campagne, à du sabotage sur la route départementale 7 le long du parc du Chateau. N’est-ce pas le rôle du maire d’influencer le projet départemental? De peser pour améliorer l’aménagement de la Seine? Pour s’assurer de la présence de la piste cyclable du bon côté comme c’est le cas à partir de Sèvres (sans avoir à creuser tous les carrefours !).